15/12/2009

Les Raveonettes ont leurs émules dirait-on. Il n’y a qu’à voir la file qui se presse devant la Flèche d’Or et le parterre compact et nonobstant bigarré venu les accueillir. Les portent tardent à s'ouvrir et alors qu’on investit les lieux, les Toxic Sonic et Idol de l’affiche ont semble-t-il déjà fait leur office.


Rodeo Massacre entre en scène, étonnante réunion d’une chanteuse hippie sixties blonde chapeautée tambourinant avec une voix de lapin blanc dans une ample chemise blanche immaculée, d’un guitariste chevelu estampillé seventies jusque dans le cuir et la Gibson SG Custom blanche immaculée aussi, s’octroyant le rôle de batteur qu’il assume avec chacun de ses pieds (respectivement) et d’un proto-dandy décadent au grand front à l’allure peu ou prou post-punk – ou new wave c’est selon – se chargeant de l’orgue, de la basse, et tout ça… En gros. Et notez que cette phrase en dit long… Assurément, ils ne font pas semblant et ont des atouts certains, reste à savoir s’il y a véritablement matière à leur prophétiser un avenir (qui parlera pour eux, ou pas).


A leur suite, les Raveonettes, en guise de clou. Et sur scène le duo danois joue à quatre. Un compagnon gothique est le préposé batteur, debout derrière un fût et une caisse claire genre « Moe Tucker m’a tout appris, c’est la classe ». Quant au bassiste, on jurerait avoir vu son tarin et sa moustache au coin d’une rue dans une BD de Jacques Tardi, et, dépourvu de charisme, celui-ci n’est pas près de leur voler la vedette, loin s’en faut. D’autant qu’au centre de la scène, Sharin Foo illumine avec détachement et captive les regards de sa froide beauté scandinave à rendre fou. A côté d’elle, son acolyte Sune Rose Wagner pilote l’affaire, coincé qu’il est dans sa silhouette adolescente en tunique rayée noir et blanc, rejeton poupon de Robert Smith, au double menton naissant.


Les Raveonettes opèrent tous deux sur Jazzmaster (l’indispensable guitare noise, celle des Sonic Youth) avec un niveau de reverb dantesque et un taux de distorsion somme toute raisonnable quand on sait le son sale dont ils sont capables. Les nouveaux titres popisants passent plutôt bien l’épreuve du live, en particulier Boys Who Rape (Should All Be Destroyed), qui a par ailleurs le mérite de clore le débat sur la castration chimique. Mais ce sont les anciennes chansons qui demeurent les plus marquantes, Aly, Walk With Me, sombre et salement noisy, Love In A Trashcan… Et quand une guitare souffre de désaccordage, Sune puis Sharin se relaient en solo pour y aller chacun de sa chansonnette hachée trémolo, lui de sa voix androgyne, elle sensuelle, qui finit de chavirer les cœurs avec Oh, I Buried You Today. Eloge des grandes blondes sur talons à strass. Plus d’un se damneraient pour la Danoise.


Les Raveonettes auront livré une prestation somme toute très honnête, mais l’on sent que le duo a les moyens de rendre les choses encore plus grinçantes et viciées. Pour le reste leur talent pour parler de la mort en pop et de l’amour en poubelle n’est plus à prouver.


Flavien.G