17/03/2010

ROCK TIMES

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31/01/2010


Ras la gueule le Bataclan ! Sold-out depuis plus d’un mois. Il faut dire que l’affiche avait de quoi semer le trouble, et les fans parisiens du groupe psychédélique chargé d’ouvrir sur cette tournée sont venus se mêler à la masse remuante réunie par les nouveaux prophètes hard rock de Wolfmother.


Les Black Angels, dont le troisième album tarde à sortir, se rappellent donc à notre bon souvenir par la petite porte d’une première partie. Pourtant les cinq Texans n’ont pas chômé : si les anciens morceaux issus de « Passover » et « Directions To See A Ghost » n’ont rien perdu de leur puissant impact, les nouveaux morceaux présentés ce soir les voient élargir leur palette. « Bonsoir, nous sommes les anges noirs », annonce Alex Maas, francophile. Les trois premiers titres servis rassurent sur la santé du combo et sont les réminiscences des spectres régulièrement invoqués par le groupe. You On The Run et Black Grease s’imposent avec force et évidence. Comme une signature, basse et batterie génèrent cette vibration drone qui s’insinue comme une remontée de sève, alors que la guitare de Christian Bland garde toujours sa part de mystère.





Au rayon des surprises, les nouveaux titres révèlent un gros travail sur les voix tout en explorant de nouvelles directions. Yellow Elevator est l’occasion pour Nate Ryan d’apporter son soutien au chant, tandis que Telephone, chanté à deux par Maas et Bland, sonne carrément comme un hommage aux Beatles et à Ray Charles. Mais il suffit d’un Science Killer pour voir le quintette replonger dans ces tribulations sonores qui ont fait sa réputation : Kyle Hunt roulant sur son tom basse face à une percutante Stephanie Bailey qui, l’air de rien, doit inspirer fantasmes et sueurs froides à pas mal de ses congénères batteurs masculins ; pendant ce temps et comme si cela ne suffisait pas, Alex bidouille sa voix déjà gorgée de reverb à base d’étranges effets d’écho inversé. Celui-ci délaisse en partie son tambourin et ses maracas pour instiller des touches d’orgue Vox Jaguar, comme une pierre de plus dans le mur de son qu’ils bâtissent face à des yeux médusés. Plus loin The Haunting At 1300 refait surface après avoir été expérimenté au sein des Viet Minh, sorte de projet parallèle et de laboratoire des Black Angels. Au bout d’une douzaine de titres, il est déjà temps de remballer, mais la preuve est faite que le groupe est loin d’avoir dit son dernier mot.


Dans son genre, Wolfmother ne prend pas vraiment de pincettes, dégoupille et met son public en branle sans échauffement aucun. Andrew Stockdale semble revenir de vacances avec sa barbe fournie et son t-shirt javellisé bleu et rouge de Spiderman du dimanche. En même temps, côté araignées, il faut bien reconnaître que ses doigts cavalent sur le manche, sans trop se soucier de la gravité tant il promène sa guitare dans toutes les positions.

Pour la nouvelle mouture de son groupe, l’Australien s’est entouré d’une fine équipe de mercenaires dévoués à son sacro-saint boucan, et a même réussi à dénicher le dénommé Ian Peres, un bassiste petit format possédant le même mouton noir posé sur la tête. Et celui-ci lui volerait presque la vedette, entre ses parties de basse virevoltantes et ses passages à l’orgue électrique qu’il moleste comme un frapadingue. Derrière eux, le corpulent batteur meule tout en énergie et head-banging. Plus discret le second guitariste assure des soubassements sans faille et permet au leader toutes les folies.



Photo : Florian Garcia


Les brûlots du premier album emballent le public aux premières notes (Dimension, White Unicorn), et les plus récents, à commencer par l’éponyme Cosmic Egg font montre d’une redoutable efficacité. Sans parler du nouveau single New Moon Rising suivi de l’incontournable Woman, assénés comme des coups de pied dans la fourmilière par Stockdale, provoquant une agitation totalement désordonnée de la foule. Et celui-ci sait s’y prendre pour draguer la fosse, il lui suffit de lever les bras ou de frapper dans ses mains pour galvaniser ses adorateurs dans la plus pure tradition des messes hard rock. Si la filiation avec Black Sabbath semble plus qu’évidente, Wolfmother, sans jamais se départir de ce son testostéroné, est capable de passer du plus heavy (Colossal) à des couleurs plus psyché, à la faveur des élans de l’orgue, et du punkisant Apple Tree aux consonances irlandaises de In The Castle. Mais qui s’en étonnerait, alors qu’à tout moment Stockdale peut se mettre à danser la gigue sur ses boots d’argent. Le court rappel déterre Joker & The Thief où le chanteur évoque parfois Jack White et se déchaîne un peu plus, termine par terre avec sa Gibson, alors que Peres bondit et surfe sur son piano Rhodes sans le moindre scrupule.


F.G.


Setlists par Céline M. :


THE BLACK ANGELS : You On The Run / Mission District / Black Grease / Yellow Elevator* / Telephone* / Science Killer / Bad Vibrations* / The First Vietnamese War / The Sniper At The Gates Of Heaven / Young Men Dead / Entrance* / The Haunting At 1300* / Bloodhounds On My Trail

* new songs


WOLFMOTHER : Dimension / Cosmic Egg / California Queen / New Moon Rising / Woman / White Unicorn / 10,000 Feet / Apple Tree / Colossal / White Feather / Sundial / Pilgrim / Back Round / In The Castle // Vagabond / Joker & The Thief


15/12/2009

Les Raveonettes ont leurs émules dirait-on. Il n’y a qu’à voir la file qui se presse devant la Flèche d’Or et le parterre compact et nonobstant bigarré venu les accueillir. Les portent tardent à s'ouvrir et alors qu’on investit les lieux, les Toxic Sonic et Idol de l’affiche ont semble-t-il déjà fait leur office.


Rodeo Massacre entre en scène, étonnante réunion d’une chanteuse hippie sixties blonde chapeautée tambourinant avec une voix de lapin blanc dans une ample chemise blanche immaculée, d’un guitariste chevelu estampillé seventies jusque dans le cuir et la Gibson SG Custom blanche immaculée aussi, s’octroyant le rôle de batteur qu’il assume avec chacun de ses pieds (respectivement) et d’un proto-dandy décadent au grand front à l’allure peu ou prou post-punk – ou new wave c’est selon – se chargeant de l’orgue, de la basse, et tout ça… En gros. Et notez que cette phrase en dit long… Assurément, ils ne font pas semblant et ont des atouts certains, reste à savoir s’il y a véritablement matière à leur prophétiser un avenir (qui parlera pour eux, ou pas).


A leur suite, les Raveonettes, en guise de clou. Et sur scène le duo danois joue à quatre. Un compagnon gothique est le préposé batteur, debout derrière un fût et une caisse claire genre « Moe Tucker m’a tout appris, c’est la classe ». Quant au bassiste, on jurerait avoir vu son tarin et sa moustache au coin d’une rue dans une BD de Jacques Tardi, et, dépourvu de charisme, celui-ci n’est pas près de leur voler la vedette, loin s’en faut. D’autant qu’au centre de la scène, Sharin Foo illumine avec détachement et captive les regards de sa froide beauté scandinave à rendre fou. A côté d’elle, son acolyte Sune Rose Wagner pilote l’affaire, coincé qu’il est dans sa silhouette adolescente en tunique rayée noir et blanc, rejeton poupon de Robert Smith, au double menton naissant.


Les Raveonettes opèrent tous deux sur Jazzmaster (l’indispensable guitare noise, celle des Sonic Youth) avec un niveau de reverb dantesque et un taux de distorsion somme toute raisonnable quand on sait le son sale dont ils sont capables. Les nouveaux titres popisants passent plutôt bien l’épreuve du live, en particulier Boys Who Rape (Should All Be Destroyed), qui a par ailleurs le mérite de clore le débat sur la castration chimique. Mais ce sont les anciennes chansons qui demeurent les plus marquantes, Aly, Walk With Me, sombre et salement noisy, Love In A Trashcan… Et quand une guitare souffre de désaccordage, Sune puis Sharin se relaient en solo pour y aller chacun de sa chansonnette hachée trémolo, lui de sa voix androgyne, elle sensuelle, qui finit de chavirer les cœurs avec Oh, I Buried You Today. Eloge des grandes blondes sur talons à strass. Plus d’un se damneraient pour la Danoise.


Les Raveonettes auront livré une prestation somme toute très honnête, mais l’on sent que le duo a les moyens de rendre les choses encore plus grinçantes et viciées. Pour le reste leur talent pour parler de la mort en pop et de l’amour en poubelle n’est plus à prouver.


Flavien.G



24/11/2009

Une nuit de novembre à Paris, pluie et embouteillages. De quoi mettre tout le monde sur un pied d’égalité : le public, comme l’artiste, est en retard au Trabendo. Tout rentre dans l’ordre vers neuf heures moins le quart, et c’est tant mieux, car ce soir, le blues n’attend pas.


Seasick Steve arrive sur scène comme on débarque de son chalutier ou comme on revient des champs : casquette vissée sur la caboche, et une vielle chemise dont il ne tardera pas à se défaire. Sous le marcel, les tatouages. Le sexagénaire américain à la carrière tardive, mais la barbe blanche bien fournie, est accompagné d’un bûcheron hippie aux longs cheveux d’argent presque aussi barbu que son comparse, dont le jeu de batterie ajoute encore au groove du bluesman. Face à ces deux jeunes hommes, un public de fans, gourmands, qui ne se gênent pas pour apostropher le vieux grigou qui le leur rend bien. Surtout quand celui-ci, entre deux morceaux, descend de grandes rasades de vin rouge à même la bouteille.


Photo : Florian Garcia


Assis sur sa vieille chaise de bois, ses amplis à porté de main, Steve ne tarde pas à mettre les deux pieds dans le blues, avec plus d’un riff à faire slider sous le bottleneck. Seasick fait alors défiler ses vieilles grattes pourries, certaines se résumant à un manche et quelques cordes, qu’il fait toutes sonner de la plus râpeuse manière qui soit. Jusqu’à ce diddley Bo, une simple planche de bois avec une corde clouée dessus mais qui arrache diablement. Son succès grandissant, il ne s’est payé ni guitare ni Ferrari, mais un tracteur !


Pour Walkin Man, le bluesman invite une demoiselle à venir s’asseoir près de lui pour lui jouer sa « love song ». Instant langoureux, mais la belle ne s’en laisse pas conter, et le vieux loup de mer charmeur en est quitte pour une tendre étreinte. Comme si ça ne suffisait pas, il accueille un peu plus tard la jeune Amy LaVere, qui prêtait sa voix au morceau caché de son dernier album, « Man From Another Time ». Après avoir partagé quelques gorgées de Whisky (elle non-plus ne se laisse pas faire), les deux se lancent dans un tête-à-tête intime où celle-ci lui renvoie une voix aussi douce et pure que la sienne est usée. Nouvelle étreinte. Bienheureux les saltimbanques !


Photo : Florian Garcia


Never Go West est l’occasion de jouer les conteurs et rappelle qu’il ne faut pas chuchoter lorsqu’il est temps de hurler… Chiggers est offert avec fougue et constitue, mine de rien, le manuel de survie contre ces saloperies de puces du Mississippi qui squattent vos chaussettes pour vous bouffer les jambes et y pondre leurs parasites de progéniture. Un conseil : remontez vos chaussettes jusqu’aux genoux (un message de Seasick Steve en association avec le ministère de la santé).


En rappel, c’est son histoire en guitare qu’il déroule, d’une enfance pas facile avant de tailler la route dès quatorze ans, et de fendre l’assistance de son Dog House Boogie, repris en chœur par la meute. Sur scène, Seasick Steve efface le poids de ses soixante-huit ans, pour toucher au blues le plus roots qui, lui, n’a pas d’âge, ou alors celui d’un bon vieux whisky.


Flavien.G


Lire aussi la chronique de « Man From Another Time » et le portrait de Seasick Steve sur rock-times.com, et voir les photos de son précédent concert à la Maroquinerie.


Setlist par Céline M. :

Cheap / Big Green And Yeller / Happy To Have A Job / That's All / Walking Man / Thunder Bird / I'm So Lonesome / Diddley Bo / Never Go West / Dark / Cut My Wings / Chiggers // Dog House