31/01/2010


Ras la gueule le Bataclan ! Sold-out depuis plus d’un mois. Il faut dire que l’affiche avait de quoi semer le trouble, et les fans parisiens du groupe psychédélique chargé d’ouvrir sur cette tournée sont venus se mêler à la masse remuante réunie par les nouveaux prophètes hard rock de Wolfmother.


Les Black Angels, dont le troisième album tarde à sortir, se rappellent donc à notre bon souvenir par la petite porte d’une première partie. Pourtant les cinq Texans n’ont pas chômé : si les anciens morceaux issus de « Passover » et « Directions To See A Ghost » n’ont rien perdu de leur puissant impact, les nouveaux morceaux présentés ce soir les voient élargir leur palette. « Bonsoir, nous sommes les anges noirs », annonce Alex Maas, francophile. Les trois premiers titres servis rassurent sur la santé du combo et sont les réminiscences des spectres régulièrement invoqués par le groupe. You On The Run et Black Grease s’imposent avec force et évidence. Comme une signature, basse et batterie génèrent cette vibration drone qui s’insinue comme une remontée de sève, alors que la guitare de Christian Bland garde toujours sa part de mystère.





Au rayon des surprises, les nouveaux titres révèlent un gros travail sur les voix tout en explorant de nouvelles directions. Yellow Elevator est l’occasion pour Nate Ryan d’apporter son soutien au chant, tandis que Telephone, chanté à deux par Maas et Bland, sonne carrément comme un hommage aux Beatles et à Ray Charles. Mais il suffit d’un Science Killer pour voir le quintette replonger dans ces tribulations sonores qui ont fait sa réputation : Kyle Hunt roulant sur son tom basse face à une percutante Stephanie Bailey qui, l’air de rien, doit inspirer fantasmes et sueurs froides à pas mal de ses congénères batteurs masculins ; pendant ce temps et comme si cela ne suffisait pas, Alex bidouille sa voix déjà gorgée de reverb à base d’étranges effets d’écho inversé. Celui-ci délaisse en partie son tambourin et ses maracas pour instiller des touches d’orgue Vox Jaguar, comme une pierre de plus dans le mur de son qu’ils bâtissent face à des yeux médusés. Plus loin The Haunting At 1300 refait surface après avoir été expérimenté au sein des Viet Minh, sorte de projet parallèle et de laboratoire des Black Angels. Au bout d’une douzaine de titres, il est déjà temps de remballer, mais la preuve est faite que le groupe est loin d’avoir dit son dernier mot.


Dans son genre, Wolfmother ne prend pas vraiment de pincettes, dégoupille et met son public en branle sans échauffement aucun. Andrew Stockdale semble revenir de vacances avec sa barbe fournie et son t-shirt javellisé bleu et rouge de Spiderman du dimanche. En même temps, côté araignées, il faut bien reconnaître que ses doigts cavalent sur le manche, sans trop se soucier de la gravité tant il promène sa guitare dans toutes les positions.

Pour la nouvelle mouture de son groupe, l’Australien s’est entouré d’une fine équipe de mercenaires dévoués à son sacro-saint boucan, et a même réussi à dénicher le dénommé Ian Peres, un bassiste petit format possédant le même mouton noir posé sur la tête. Et celui-ci lui volerait presque la vedette, entre ses parties de basse virevoltantes et ses passages à l’orgue électrique qu’il moleste comme un frapadingue. Derrière eux, le corpulent batteur meule tout en énergie et head-banging. Plus discret le second guitariste assure des soubassements sans faille et permet au leader toutes les folies.



Photo : Florian Garcia


Les brûlots du premier album emballent le public aux premières notes (Dimension, White Unicorn), et les plus récents, à commencer par l’éponyme Cosmic Egg font montre d’une redoutable efficacité. Sans parler du nouveau single New Moon Rising suivi de l’incontournable Woman, assénés comme des coups de pied dans la fourmilière par Stockdale, provoquant une agitation totalement désordonnée de la foule. Et celui-ci sait s’y prendre pour draguer la fosse, il lui suffit de lever les bras ou de frapper dans ses mains pour galvaniser ses adorateurs dans la plus pure tradition des messes hard rock. Si la filiation avec Black Sabbath semble plus qu’évidente, Wolfmother, sans jamais se départir de ce son testostéroné, est capable de passer du plus heavy (Colossal) à des couleurs plus psyché, à la faveur des élans de l’orgue, et du punkisant Apple Tree aux consonances irlandaises de In The Castle. Mais qui s’en étonnerait, alors qu’à tout moment Stockdale peut se mettre à danser la gigue sur ses boots d’argent. Le court rappel déterre Joker & The Thief où le chanteur évoque parfois Jack White et se déchaîne un peu plus, termine par terre avec sa Gibson, alors que Peres bondit et surfe sur son piano Rhodes sans le moindre scrupule.


F.G.


Setlists par Céline M. :


THE BLACK ANGELS : You On The Run / Mission District / Black Grease / Yellow Elevator* / Telephone* / Science Killer / Bad Vibrations* / The First Vietnamese War / The Sniper At The Gates Of Heaven / Young Men Dead / Entrance* / The Haunting At 1300* / Bloodhounds On My Trail

* new songs


WOLFMOTHER : Dimension / Cosmic Egg / California Queen / New Moon Rising / Woman / White Unicorn / 10,000 Feet / Apple Tree / Colossal / White Feather / Sundial / Pilgrim / Back Round / In The Castle // Vagabond / Joker & The Thief


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