03/03/2009

16 février 2009, peu après 21 heures. Il est désormais clairement avéré que l’œil du démon est localisé aux environs de la place de la Bastille, et nous sommes en plein dedans : la tempête fait rage à la Mécanique Ondulatoire qui se transforme ce soir en succursale de l’enfer. Un bataillon de damnés s’est donc réuni secrètement comme pour une cérémonie vaudou (on aperçoit d’ailleurs un crâne en forme de cendrier), appâté par l’odeur du sang, de la sueur et par les deux albums des bien nommés Black Diamond Heavies : « Every Damn Time » et « A Touch Of Someone Else’s Class ».


Celui qui se fait appeler le « Reverent » James Leg monte sur la toute petite scène : silhouette longiligne, tout en noir, cheveux longs et moustache lui descendant jusqu’au menton ; accompagné de son acolyte de batteur barbu Van Campbell, en t-shirt et casquette de hockey. Avec leurs trognes de chauffeurs de trucks, ils ont un brin l’air de rebuts des bas-fonds d’une Amérique dangereuse et poisseuse.

Sans attendre, la bête féroce de leur boogie furieux est lâchée, jusqu’à faire vibrer chaque pierre de la cave confinée de ce sous-sol mécanique. Le batteur fait virevolter ses baguettes et roule sur ses fûts comme le tonnerre – à moins que ce ne soient les sabots de l’apocalypse –, syncope violente, puissance ahurissante et souplesse étonnante : une frappe sèche, vive, fouettée par d’agiles et désinvoltes poignets de guimauve. A ses côtés, les claviers sont mis à rude épreuve : tendu, cambré derrière ses instruments, James Leg se transforme en fauve, la Santiag prête à bondir sur les pédales fuzz, pour un son toujours plus crade, toujours plus crasseux, et enfonce ses mains jusqu’à la garde dans ses deux claviers superposés. Des mains aux veines saillantes, couvertes de bijoux apaches ou sioux, la gauche plaquant un groove de basses obsédantes sur un orgue Korg, la droite (celle du diable) griffant dans un Fender Rhodes antique, des mélodies tranchantes, mordantes et incisives. Leurs morceaux les plus addictifs et excitants, Take A Ride et Fever In My Blood en tête, déploient toute la force du duo dans un raffut infernal. Chantant d’une voix d’outre-tombe, comme biberonnée au whisky-clope, qui ferait passer Lemmy de Motörhead pour un enfant de chœur ; il secoue la tête comme un forcené, ses longs cheveux en travers de la gueule, comme si la sauvagerie était un concept suranné. La chemise noire finit par s’ouvrir sur des breloques et une boucle de ceinture à l’effigie de Ray Charles. Une touche de la classe d’un autre… Le tout s’achèvera dans la démence d’un medley de Nutbush City Limit et Guess You Gone And Fucked It All Up.


Le blues n’est plus alors qu’un zombie salace, enterré vivant, sur place, sous les voûtes ondulatoires, dont le salpêtre s’effrite bientôt à force de ces coups de boutoir, et se mélange au bois des baguettes qui martèlent à chaud le fer des fûts. Et pas une guitare en vue à l’heure de la messe : à n’y rien comprendre, encore qu’avec la magie noire…


F.G.



SETLIST par Céline M.

Might Be Right / Numbers 22 (Balaam's Wild Ass) / Make Some Time / Smoothe It Out / Take A Ride / Oh, Sinnerman / Bidin' My Time / Ain't Talking About Love (Van Halen) / Fever In My Blood / Poor Brown Sugar / Leave It In The Road / Nutbush City Limit / Guess You Gone And Fucked It All Up / + RAPPEL



1 Comment:

  1. Anonyme said...
    http://www.youtube.com/watch?v=tqEGYtXO53I

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