03/07/2009

C’était l’« événement à ne pas rater » dirait-on. C’est qu’il y avait de quoi fantasmer sur le « super-groupe » de l’année, soit la réunion, au sommet, de Jack White (The White Stripes, The Raconteurs), Alison Mosshart (The Kills), Jack Lawrence (The Greenhornes, Blanche, The Raconteurs) et Dean Fertita (Queens Of The Stone Age). Et pour cause…


En première partie, Aqua Nebula Oscillator est l’archétype du groupe psychédélique en voyage à deux mille à l’heure (quitte à en laisser quelques-uns sur le carreau). Tout commence par un trip aux claviers de la chanteuse et du guitariste, puis la machine démarre avec l’arrivée du batteur et d’un grand échalas aux longs cheveux blonds à la basse qui envoie nonchalamment façon réacteur sur sa Rickenbacker. Le vampirique guitariste est dans sa bulle, concentré sur ses synthés et sa vieille guitare d’Europe de l’Est, tandis que la chanteuse à frange psychédélise avec eux, alternant entre son clavier, son micro capricieux et un Theremin, qui s’affole à l’approche de ses mains.


La température dans la Cigale atteint déjà un seuil critique mais le public reste aux abois, impatient. The Dead Wheather se démarque avant même leur entrée en scène puisque les roadies, qui peaufinent les derniers réglages et l’installation, déambulent en costard et chapeau. Ce qui, mine de rien, en impose. On se croirait à une soirée en l’honneur des guitares Gretsch : alignées, une White Falcon, une Billy Gibbons (la gratte ZZ Top !), une Bo Diddley carrée et une basse White Falcon, toutes d’un blanc crémeux et immaculé. L’arrivée du groupe rend l’audience immédiatement dingue. On ne l’arrêtera plus.


Photo : Florian Garcia


A la batterie Jack White, avec ses épaules de déménageur, bûcheronne les fûts étalés autour de lui. Pas virtuose mais efficace, avec un style personnel. Ses interventions vocales nasillardes dans un micro au son téléphonique déclenchent la clameur de la foule. Devant lui, en front-woman, Alison impressionne. L’impétueuse tigresse a visiblement changé de catégorie pour devenir une véritable chef de meute. Voix écorchée, charisme évident, tout en posture et courbure, sans retenue, à la limite de la perte de contrôle, punk, belle et fiévreuse. Alison Mosshart pourrait bien être la Janis Joplin des années 2000.


Photo : Florian Garcia


A ses côtés, Jack Lawrence, le bassiste à lunettes, tout musicien timide qu’il est fait preuve d’un engagement sans faille et ondule avec souplesse, ne se formalise pas lorsqu’il souffre de son matériel défaillant, laissant ses techniciens chapeautés s’affairer à identifier la panne. A la guitare et aux claviers, Dean Fertita est un multi-instrumentiste doué qui ajoute une touche psychédélique et des nuances de piano Wurlitzer. Il ne semble pas prendre ombrage de la présence de White dans son dos, et on se doute que le batteur de ce soir ne renierait pas ses riffs bluesy/heavy. N’empêche, pour Will There Be Enough Water, Jack White quitte la batterie – remplacé par Lawrence –, se saisit d’une guitare et vient montrer qu’il est bien le patron, avec son jeu caractéristique, et une incroyable aisance à décocher des stridences assassines. Le show monte d’un cran : dans l’arène, plus aucun obstacle entre le colosse White et la déesse Mosshart, et les voir se chanter à la gueule, face à face, la bouche collée au micro, fait bien sûr partie du spectacle. Le clou ; enfoncé avec force décibels. Le public est sonné. Et pourtant le rappel assène un nouveau coup de fouet, définitif.


Photo : Florian Garcia


Tout cela, ne l’oublions pas, demeure le fait d’un groupe qui n’a que quelques mois d’existence, dont l’album n’est même pas encore sorti, et qui n’affiche que quelques concerts de rodage au compteur. Autant dire que la marge de progression est énorme !


Flavien.G

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