19/09/2008


Ah Paris Plage… Ses parasols, ses terrains de pétanque, ses promeneurs du samedi, Sea, Sex and Sun ! C’est là, sous le pont de Sully, que l’on retrouve la scène montée par la Fnac et ses co-sponsors (impossible de les oublier avec la grande et hideuse toile rose tendue derrière…). Deux jours par semaine, durant un mois, quelques groupes savamment choisis suivant une programmation éclectique de productions indépendantes (c’est dans le titre…), auront la chance de casser les oreilles du tout-Paris. Et en ce 26 juillet, c’est de Rock qu’il s’agit (s’agite ?). Sous le soleil de l’après-midi, Rubin Steiner et Demago sont déjà passés par là, et la soirée appartient à Tanger, de France, et aux BellRays, de Californie bien sûr.


Ce soir, tout Tanger est à Paris, donc. Le temps d’installer le matériel, et les voilà qui débarquent sur scène, l’impassible bassiste Didier Perrin, le guitariste Christophe Van Huffel, coiffure post-punk et perfecto doublé en fourrure léopard, et Philippe Pigeard, chanteur, dandy charismatique, lunettes fumées, veste noire et pantalon blanc estival, accompagnés de leur batteur. Tournée de promo oblige, la part belle est faite aux titres de leur nouvel album, « Il est Toujours 20 Heures Dans Le Monde Moderne ». L’Homme Statue, sexuel en diable, donne tout de suite le ton ; Roulette Russe & Poing Américain, ou encore l’hilarante Fée De La Forêt, révèlent un vrai potentiel scénique, plus rock, moins synthétique que sur disque. Pigeard captive, avec ses textes écrits d’une plume originale, drôle, rare et poétique, chantés sans complexe ; et Van Huffel, qui dévoile rapidement son torse et ses tatouages, harangue la foule avec sa Fender Jaguar d’époque dont il tire des riffs rageurs qui finiront par venir à bout de l’antique ampli Vox qui trône derrière lui. Un micro supplémentaire est alors amené sur scène, et on sent venir l’heure du duo sexy, Parti Chercher Des Cigarettes, avec Nina Morato, grande blonde sulfureuse vêtue de rouge, qui ne tarde pas à montrer une épaule puis un bout de son soutien-gorge argenté de cosmonaute… Ensuite, impossible, évidemment, de couper à leur reprise fétiche : J’Aime Regarder Les Filles, qui, pour l’occasion, marchent sur Paris Plage, ce qui ne laissera pas le public indifférent, bien sûr. Malgré le temps qui passe, Tanger continue de faire figure d’ovni dans le paysage d’ici, avec une fraîcheur qui manque décidément à toutes ces nouveautés insipides – voire faisandées, à force de faire comme l’autre – qu’on nous sert à tour de bras dans les médias.


Suivent les BellRays pour clôturer la soirée, en pleine tournée des festivals de l’été à défendre leur nouvel album « Hard, Sweet And Sticky », « dur, doux et collant » donc, et sa pochette arborant en gros plan de charmantes et dégoulinantes… sucettes. C’est d’ailleurs une jolie sucette en forme de cœur qui décore la peau de grosse caisse de Craig Waters, le batteur, qui n’a pas changé de short depuis le festival d’Angoulême, une semaine plus tôt. Le set se compose de nouvelles chansons, Infections, Pinball City, mais aussi de titres phares de leur répertoire comme le nerveux Blues To Godzilla. A la basse, le jeune Justin Andres bouge frénétiquement, et Bob Vennum, voûté sur sa guitare vénéneuse, se lâche comme un gamin qui imiterait ses idoles devant son miroir de salle de bain. Lisa Kekaula, la chanteuse, n’a rien perdu de son énergie, et habite littéralement les chansons. Lorsqu’elle n’en joue pas, elle déambule sur la scène avec son tambourin au bras en guise de sac à main. Attention mesdemoiselles, le tambourin pourrait bien être l’accessoire tendance de l’été ! Quoi qu’il en soit le public reste médusé, conquis par celle que tout le monde compare immanquablement à Tina Turner. Cerise sur le gâteau, les BellRays reviennent pour un rappel à haute teneur en rock et sueur : Highway To Hell, reprise du légendaire titre d’AC/DC, où ils parviennent à égaler l’original en puissance et en fureur.


Après cette dernière vague de rock’n’roll, certains rapportent que la Seine se serait arrêtée de couler, l’espace d’un instant, pour contempler le déluge…


F.G.


0 Comments:

Post a Comment