15/06/2009

Neil Young, Paris, Le Zénith, 4 juin 2009


Incroyable. Un an seulement après son précédent passage, Neil Young est de retour à Paris. En 2008 au Grand Rex, deux soirs de suite, l’homme aux quarante années de carrière avait bluffé son public en interprétant seul, perdu au milieu de ses guitares, ses plus beaux titres folk, comme au premier jour, avant de revenir mettre le feu pour une seconde partie électrique, entouré de son groupe.


Ce soir Neil Young est au Zénith. Et la salle a fait le plein, bien entendu. A bientôt soixante-quatre ans, le Canadien est en pleine forme et semble désormais pouvoir échapper au temps (malgré l’embonpoint et les cheveux en moins), un peu comme Iggy, Mick et Keith, Paul… Il le prouvait encore tout récemment avec son nouveau disque, « Fork In The Road », dans lequel il se montre à fleur de peau, prêt à en découdre, préoccupé par une planète au bord de l’implosion. Pour l’occasion, le set est parfait, les morceaux piochés dans ses albums les plus marquants, de « Everybody Knows This Is Nowhere », « After The Gold Rush » et « Harvest », ses chefs-d’œuvre des débuts, aux récents « Chrome Dreams II » (Spirit Road) et « Fork In The Road » (Get Behind The Wheel) en passant pas « Ragged Glory ».


Cette fois-ci, il attaque d’entrée de jeu dans un déluge de décibels. Et frappe fort, ne tardant pas à jouer le paroxystique Hey Hey My My, dans une version de fin du monde, méchante à souhait, suivie d’Everybody Knows This Is Nowhere. En trois morceaux, la couleur est annoncée : Neil Young est venu offrir un grand moment. Couguar carnassier, sa grande carcasse courbée sur sa fidèle et indomptable Gibson Les Paul noire, il lui plante ses griffes à même le cou, et la fait hurler comme nul autre. Le son de la guitare est cataclysmique, nimbée d’un écho sidéral. Le Loner ressemble de plus en plus à un vieux sachem et entraîne tout le monde dans une expérience shamanique, extirpant de sa guitare les sons de l’univers. Feedback du Big Bang (et Big Bang de feedback). Et sa voix plane au-dessus, bien au-dessus, très haut, parfaitement intacte. Comme un vent de liberté soufflant dans le public, on voit ici et là s’élever des volutes de fumée… La foule fascinée hallucine, exulte à tout bout de chant.


A mi-course, il lève le pied et monte là-bas derrière, au fond de la scène, comme à une chaire d’église, pour interpréter, dans un silence religieux, un morceau sur un véritable orgue (un harmonium ?). Sur scène, c’est une fois de plus un fameux bordel d’amplis, d’instruments et de bibelots (le téléphone rouge). C’est l’heure de la cérémonie acoustique avec des morceaux aussi magnifiques que Don’t Let It Bring You Down, Old Man ou Heart Of Gold qui déclenchent l’ovation. Dualité de la légende folk et du rocker fauve. Pour toujours. Les possibilités du Neil semblent infinies. Car l’intermède ne dure pas, quitte à mettre encore un peu plus la gomme sur Rockin’ In A Free World qu’il n’en finit plus de faire repartir avec la complicité de son batteur, avant une apothéose de larsens apocalyptiques.


Comme si cela ne suffisait pas, le groupe revient achever le travail, dans un rappel tout aussi explosif et un fantastique hommage aux Beatles avec une reprise de A Day In The Life, sur laquelle il termine comme un dément, arrachant sauvagement les cordes de sa guitare. Au-dessus, quatre lettres restent illuminées : N E I L…



Flavien.G


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