23/10/2009

French night à la Maroquinerie. Yeti Lane d’abord, en mode folk électrique plutôt paisible, à deux voix, deux guitares. Avec leurs grattes sixties et leur dégaine - chemise de bûcheron / barbe / traits creusés -, les deux troubadours semblent redescendre du Népal. L’histoire ne dit pas s’ils y ont croisé le Yéti…


Et Jil Is Lucky alors ? Si leur album sorti en mars était une jolie surprise, leur prestation live en est une grosse. Les costumes de biomans religieux de leur surréaliste pochette (voir aussi leur magnifique clip à dos de poneys) sont restés au vestiaire, et les cinq musiciens, comme les doigts de la main, se présentent avec un certain chic. De sacrés musiciens qui forment une sacrée bonne main. Ces jeunes-là sont doués et ont visiblement travaillé dur pour bâtir des morceaux parfaitement en place et en même temps particulièrement vivants. Car l’énergie déployée sur scène donne une saveur nouvelle à ces chansons (à la trappe les trompettes), nettement plus rock. Si bien que le disque paraît déjà loin derrière eux, voire obsolète. Judah Loew’s Mistake se transforme ainsi en véritable morceau de bravoure et le single The Wanderer produit, bien sûr, son petit effet.


Jil Is Lucky


Derrière sa guitare acoustique, Jil le chanteur reste concentré sous son chapeau, nonchalant dans son chant, jouant plus ou moins de ces décrochages de voix dont on sent qu’il ferait volontiers sa signature. Presque réservé, il glisse tout de même deux ou trois remarques bien senties entre ses remerciements, histoire de cultiver le flegme de son personnage. Du haut de ses vingt-quatre ans, pas question de se prendre au sérieux, même s’il fait preuve d’un insolent talent, que ses compagnons magnifient d’arrangements savants : basse ronde et profonde, violoncelle rusé et tout terrain, guitare électrique discrète mais prête à bondir, batterie qui passe du chaloupé au grondement insatiable. A cela s’ajoute leurs harmonies vocales, auxquelles ils prennent visiblement un plaisir jubilatoire. Plus incroyable encore, l’assemblée semble envahie par un fan club conséquent, à moins que le groupe n’y ait carrément infiltré une chorale. Car non seulement ces demoiselles connaissent les paroles mais assurent les chœurs avec une précision surprenante. Impressionnant dans cette petite Maroquinerie ! La formation se permet de jouer avec les moments de tension intense et le dépouillement d’un duo guitare-violoncelle avant de repartir de plus belle et de finir sur une version jouissive du très stonien I May Be Late. Final en apothéose, après lequel il serait presque risqué de proposer un rappel digne de ce nom.


Mais la salle n’en démord pas, en veut plus, et le groupe revient offrir un générique de fin des grands soirs, où Hovering Machine devient une hallucinante jam rageuse et habitée qui fixe et cloue le public. Pas chien, Jil réapparaît de nouveau pour interpréter deux titres seul, à l’acoustique, comme à la maison… A ce rythme, s’ils continuent de prêcher ainsi l’évanJil (hum !), tout cela va finir par se savoir…


Flavien.G


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