07/01/2009


Un concert le dimanche soir : de quoi court-circuiter la morne monotonie d’un froid week-end hivernal… Et visiblement il y a des clients : le Bataclan fait salle comble, archiplein pour accueillir les Dandy Warhols, de Portland, Oregon – c’est le t-shirt qui le dit. Ce qui était loin d’être une évidence : « Thirteen Tales From Urban Bohemia », leur chef-d’œuvre de « groupe le plus excitant de l’univers » remonte maintenant à huit longues années. Et les trois albums publiés depuis ont, la plupart du temps, dérouté leurs fans et donné du grain à moudre à leurs détracteurs. Mais le génie psychédélique de Courtney Taylor et sa bande, s’il s’est quelque peu dilué dans leurs dernières compositions et productions, n’en est que plus prégnant en live : de quoi remettre les pendules à l’heure et faire taire les mauvaises langues.


En ouverture, The Sheep se démarque par son homogénéité capillaire : les trois musiciens sont coiffés d’impressionnantes bouclettes de moutons ! Sont-ce des frères ? Allez savoir. Le trio guitare-batterie-orgue assure son rôle de première partie, et évoque parfois The Greenhornes. Dommage qu’ils ne lâchent la bride qu’à la fin de leur prestation.

Puis vers 20h30, les Dandys investissent la scène, portés par l’ovation du public. Et d’emblée c’est la claque, avec Mohammed qui aspire instantanément l’auditoire dans l’univers barré des quatre Américains. Le sillon se creuse un peu plus avec le lancinant I Love You – du dix ans d’âge – et son final instrumental où les guitares se font volontiers apocalyptiques. Le groupe joue aligné, en formation serrée : la sexy Zia McCabe, à gauche, entourée de claviers, charmante lorsqu’elle se « dandine » – bien sûr – et énergique quand elle joue des maracas ou du tambourin en soutien de Brent DeBoer, dit « Fathead », le batteur à la chevelure à jamais fournie, sous laquelle il arbore de riches rouflaquettes et une nouvelle moustache qui lui donne des allures de hippie chic d’une autre époque. A ses côtés, Courtney Taylor, dans le rôle du Sherlock Holmes rock’n’roll sous sa belle casquette, fait des allers et venues entre ampli et micros, et plus loin, planqué sous son chapeau melon de Watson décadent, le discret Pete Holmström, courbé sur sa guitare et ses pédales, n’en finit pas d’impressionner, avec un son qui frise le frisson organique.


Elémentaire ? La maîtrise est stupéfiante et le répertoire habilement pioché dans l’ensemble de leur discographie, entre classiques imparables et petites perles finement troussées qui prouvent que chacun de leurs albums contient toujours son lot de chansons que plus d’un jalouseraient. Le public en redemande, reprenant en chœur We Used To Be Friends, s’agitant sérieusement sur Not If You Were The Last Junkie On Earth ou encore Bohemian Like You

Derrière la scène, un rideau de diodes étoffe les effets lumineux, dessinant des motifs mystérieux, et les atmosphères virent du bleu et blanc au rouge et vert de rigueur pour le Noël que ne manque pas de nous souhaiter Courtney avec le traditionnel Little Drummer Boy.

Et que dire du son ? D’une richesse déconcertante, chaque instrument se distingue clairement tout en se fondant dans la pièce montée. La batterie est percutante, les basses, au clavier, sont vibrantes, et les guitares, brillantes, s’entremêlent, se répondent, se laissent de l’espace. Au chant, l’élancé Courtney utilise deux micros, passant de l’un à l’autre pour des effets vocaux opportuns qui enrichissent un peu plus la palette sonore.

Le concert oscille entre instants retenus, planants, enveloppants et colorés, et mélodies pop entêtantes. Sur Godless, le chanteur entraîne l’assemblée dans des « palalala-papa » enjoués, pour palier à l’absence de la trompette originelle, et sur You Come In Burned, celui-ci délaisse sa guitare pour des percussions hautement atmosphériques, tandis que les harmonies vocales de Brent font des merveilles. Bien droit derrière ses fûts, ce dernier ne joue pas à l’économie et s’effeuille au fur et à mesure pour finir torse nu. C’est que les Dandy sont plutôt généreux…


Au bout de deux heures non-stop, pas besoin de rappel, même si nul n’aurait boudé son plaisir. Et les Dandy Warhols de prouver quel immense groupe de scène ils sont, maniant les textures sonores avec une classe hors norme.


F.G.


SETLIST, par Céline M.

Mohammed
I Love You
We Used To Be Friends
Shakin'
Not If You Were The Last Junkie On Earth
The World The People Together
Ride
Talk Radio
And Then I Dreamt Of Yes
You Were The Last High
Bienvenue Dans Le Tiers-Monde (Welcome To The Third World)
All The Money
Bohemian Like You
Get Off
Minnesoter
(You Come In) Burned
The New Country
Godless
Wasp In The Lotus
Horse Pills
The Legend Of The Last Outlaw Trucker
Little Drummer Boy
Boys Better
Country Leaver


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