11/08/2008


Le BRMC est de retour en France, après la sortie de « Baby 81 », leur excellent quatrième album. Une messe noire psychédélique dans ce temple rock’n’roll qu’est l’Elysée Montmartre, cela ne se rate évidemment pas…

Et pourtant les éléments se déchaînent et font craindre le pire : c’est un de ces traditionnels jours de grève qui agitent le pays, qui lui, bien sûr, n’a que faire de ce concert. Circulation au pas du sud au nord de Paris, et déjà l’individu normalement constitué se retrouve submergé d’émotions – quitte à prendre la tête de son chauffeur car, bien entendu, on se déplace en bande pour aller voir le Black Rebel Motorcycle Club – brassant excitation fébrile et angoisse du retard : manquer leur entrée sur scène ne fait pas partie des options envisagées.


Arrivé sur place, tout va bien, les roadies sont encore à l’ouvrage… Si première partie il y a eu, celle-ci a laissé à qui de droit le temps d’arriver, et le soulagement est immense : le meilleur est à venir. La salle est encore loin d’être pleine, la communion a, pour ainsi dire, déjà commencé, dans la galère : chacun sa peine pour réaliser ce pèlerinage jusqu’au 18ème arrondissement. Bar, bières, stand de t-shirts : promenade en terrain connu, mise en condition… Oui, tout va bien.


La salle enfin remplie est plongée dans le noir, le trio déboule sur scène et c’est parti. D’une cohésion sans faille, ils ont décidé de jouer avec les tripes du public façon montagnes russes : après avoir entamé les hostilités dans une ambiance électrique, les deux alter ego du groupe s’offrent une trêve acoustique à mi-parcours, avant de repartir de plus belle pour une irrésistible remontée où la mélancolie laisse finalement place à l’énergie brute. Les morceaux sont dynamités, violentés, envoyés pied au plancher, lourds et foudroyants comme jamais.

Robert Levon Been joue les maîtres de cérémonie, dissimulé sous sa capuche et engoncé dans sa veste de cuir (défiant Fahrenheit et Celsius à la fois !), son énorme ampli en guise de piédestal. Sa basse, ronde et hypnotique, crée l’onde organique qui lie tous les atomes à la ronde. Peter Hayes, son jumeau vocal, en noir de la tête au pied également – of course –, envoie de terrifiantes stridences stroboscopiques, tout en guitares anguleuses et acérées. Quant au batteur, Nick Jago, il tient la baraque, donne la pulsation vitale, laissant ses deux comparses libres de passer leurs compositions à la tronçonneuse.

Le trio emplit l’espace avec un son surpuissant et réussit à maintenir la tension pendant près de deux heures. Malgré la vingtaine de titres joués, le temps manquerait presque pour visiter à la fois les incontournables de leur répertoire (Stop, Spread Your Love, Red Eyes And Tears, Whatever Happened To My Rock’n’Roll…) en même temps que leurs nouveaux titres (Berlin, Weapon Of Choice, All You Do Is Talk…). La foule est transportée, transpercée. Si les sons ont une couleur, alors la musique du BRMC, ce soir, est harassante de bruit jaune.


Avec cette imparable puissance de feu en live, le Black Rebel Motorcycle Club s’impose bel et bien comme des seigneurs de la guerre psychédélique ; rien ne manque : des chansons, ces deux voix qu’on dirait forgées dans le même métal, tantôt chaudes, tantôt écorchées, qui s’entremêlent, se répondent, et surtout ce son, qui va droit au corps, irrésistible, ample et brûlant.


F.G.


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